Quel parapluie pour la Zone Euro ?

L’affaire grecque a mis au jour la fragilité de l’union et de la solidarité européenne. Quel avenir pour la zone ?

La découverte du montant de la dette grecque par le gouvernement de Georges Papandréou, en octobre 2009 a fait trembler la zone euro. Elle s’élève à 12.8% du PIB au lieu de  3% fixé par le pacte de stabilité. Entre décembre et février Les agences de notation telles que Fitch et Moody’s  aggravent la situation en mettant des notes basses BBB+ et BBB- aux  banques grecques, les plus importantes Alpha Bank, Efg Eurobank Ergasias et Piraeus Bank). Au début de la crise, l’Allemagne s’est prononcée contre une aide financière, compte tenu notamment, de la suspicion concernant la fiabilité de ses statistiques. L’opinion publique allemande était contre.  En mars, un plan de soutien à la Grèce a été finalement adopté par l’Europe. La Grèce se doit de planifier une série de mesures d’austérité qui devraient générer 4,8 milliards d’euros d’économies, parmi lesquelles une hausse des taxes sur les alcools, le tabac, les carburants et les produits de luxe et le gel des retraites des fonctionnaires et des salariés du secteur privé, cette annonce a conduit à une grève générale à l’appel des principaux syndicats contre les mesures d’austérité. L’Etat grec doit emprunter plus de 50 milliards d’euros pour réduire la dette de 12.9% à 8.7 %(fin 2010). 250 milliards est le montant de la dette imposée pour fin mai. Pour le moment la Grèce obtient sur le marché financier international des prêts qui dépassent 400 points de base, environ les taux accordés à la RFA pour des échéances comparables.

Les CDS, un paradoxe

Se pose alors la question des risques. Les Crédit Default Swap (CDS) sont souscrit par des créanciers qui paient pour se couvrir si leur débiteur venait à ne pas rembourser toute sa dette: en cas contraire, une institution financière lui offre de prendre à sa charge cette dette dans cette éventualité. Plus la perception de non-remboursement augmente, plus les CDS vont demander à leur assureur de  faire preuve de solidité financière. La Grèce doit donc payer deux fois plus, si ces derniers produits n’étaient pas. Les banques qui ont aidé la Grèce à dissimuler la dette sont à l’origine des CDS.

Après la Grèce, où se dirigent les spéculateurs ?

Les agences de notations n’ont fait qu’aggraver la situation et poussent donc le pays à céder aux spéculateurs. Pariant sur la baisse du prix des obligations des pays du sud de la zone euro, ceux-ci vendent à terme ces obligations à découvert, avant d’en être les propriétaires réels, espérant ainsi profiter d’une baisse rapide pour générer des plus-values. Une stratégie, qu’ils alimentent en achetant des positions et en les revendant dans la foulée. Plus ils vendent, plus les prix baissent. Selon Bruno Moschetto, Professeur de sciences-économiques et ancien PDG de la Société Bordelaise, « Les treaders ne sont pas coupables, c’est leur devoir de tirer un bénéfice. Il n’est pas possible de tempérer les spéculateurs, les gouvernements n’ont pas les moyens monétaire, il est impossible d’interdire », « on ne peut pas empêcher les spéculateurs de  jouer sur les autres ».

La zone euro est elle à l’abri ?

Les PIGS, (Portugal ,Irlande, Grèce, Espagne (spain en anglais)), constituent une fragilité pour la  zone euro. D’ici peu ils pourraient avoir des difficultés à trouver des fonds sur les marchés internationaux. C’est ce qu’indique l’agence de notation Moody’s dans un rapport publié le 15 mars 2010. L’Irlande non loin du chiffre du déficit budgétaire de la Grèce, se trouve à 12.5% du PIB, l’Espagne à 11.2%, le Portugal à 8 % et l’Italie à 5.3%. Pour, Bruno Moschetto, « les pigs ont le même profil que la Grèce et les même critères d’identification des finances  publiques, un effet domino n’est pas à exclure. »

Des projets pour combattre la crise ?

Le 15 et 16 mars dernier  lors d’une réunion de l’Eurogroupe, dont le président est Jean-Claude Juncker, la crise grecque à soulevé des questions sur la nécessité d’une gouvernance économiques. Wolfgang Shâuble, le ministre des finances allemand, a lancé l’idée d’une éventuelle création d’un FME(Fonds Monétaire Européen). Il serait l’équivalent européen du FMI(Fonds Monétaire International), avec pour contrepartie un ensemble de sanctions qui vident de sa substance l’idée originale. Certains jugent qu’un tel organisme serait coûteux.  Un fonds de sauvetage est également destiné à aider les pays de la zone euro dont la dette est exposée aux attaques des spéculateurs. Ce fonds s’appuie sur l’article 122 du traité de Lisbonne qui prévoit des aides dans des cas exceptionnels.  Le premier ministre belge, Yves Leterme, à relancé l’idée du créer un trésor commun à la zone euro. Il consisterait de créer un marché de plus grande taille, à même de financer les structures nécessaires et d’élaborer une politique budgétaire anti-cyclique. Cependant l’Europe est parvenue à un compromis le 25 mars, suite à une deuxième réunion. Les taux d’intérêts seront attachés aux près bilatéraux que les pays de la Zone euro promettent d’accorder à Athènes, en cas de besoin en complément de l’assistance du FMI.  Ces taux seraient fixés à 5% ce qui est très cher par rapport à ce que la Grèce obtiendrait éventuellement du FMI (de 0.5% à 3% des échéances).

Le couple franco-allemand

Angela Merkel semble dominer la zone euro en imposant la participation du FMI, pour aider la Grèce. L’accord éloigne dans l’immédiat le risque d’un défaut de paiement de la Grèce. L’intransigeance de Merkel s’est fait ressentir, puisqu’elle disposera d’un droit de veto. Trois points de conditions ressortent :

–          Une intervention du FMI aux côtés des pays européens en cas d’aide à la Grèce.

–          Aucune  aide avant que la Grèce n’ait épuisé toutes les solutions de recours auprès du marché des capitaux

–          Pour déclencher un mécanisme de prêts bilatéraux, l’unanimité sera requise.

Ainsi, l’Allemagne disposera d’un droit de veto. Quant à Nicolas Sarkozy, il n’obtiendra qu’une vague promesse d’amélioration de la gouvernance économique de la zone euro.

Le dimanche 11 avril, la zone euro à décidée d’octroyer 30 milliards d’euros à la Grèce. Le ministre grec des finances, Georges Papaconstantinou « salue la décision de l’Europe, mais fera appel de cette offre, en cas de besoin imminent »L’Europe reste malgré tout politiquement divisée, et ne dispose d’aucun système de décision crédible. Le traité de Maastricht interdit à la Banque centrale européenne et aux Etats de soutenir un pays confronté à une crise budgétaire. Seul le FMI le peut. Si le financement de la zone euro est octroyé à la Grèce, qu’adviendra-t-il des autres pays confrontés au même problème ?  En tout état de cause, il paraît improbable que la Grèce puisse obtenir un retour à un taux de 8.7% de son déficit budgétaire d’ici au début de l’année 2011. En effet, pour ce faire il faudrait que son déficit primaire (déficit des finances publiques moins le paiement des intérêts de la dette) soit équivalent à+6% de son PIB à cette date, alors qu’il est actuellement de moins 8%.